- SCHUSCHNIGG (K. von)
- SCHUSCHNIGG (K. von)SCHUSCHNIGG KURT VON (1897-1977)D’une vieille famille de l’aristocratie autrichienne attachée aux traditions catholiques, Kurt von Schuschnigg est avocat à Innsbruck avant de fonder un mouvement nationaliste après la Première Guerre mondiale. Député chrétien-social en 1927, il est ministre de la Justice de 1932 à 1933, puis de l’Instruction publique en 1933. Il succède comme chancelier à Dollfuss quand celui-ci est assassiné par les nazis le 25 juillet 1934. Menant comme son prédécesseur une politique autoritaire d’inspiration catholique corporatiste, il poursuit la répression des mouvements extrémistes de droite comme de gauche, restaure l’économie et tente, par l’entremise de l’ambassadeur von Papen, d’améliorer les relations avec l’Allemagne qui, par l’accord du 11 juillet 1936, promet de ne pas intervenir en Autriche. En échange, Schuschnigg appelle au gouvernement quelques nazis «modérés» comme Horstenau et Guido Schmidt. Pendant les mois suivants, le nazisme ne cesse de progresser sous l’action de ces hommes et grâce aux manœuvres de von Papen. À la fin de janvier 1938, la police viennoise découvre un complot visant à éliminer Schuschnigg. Hitler décide alors de passer immédiatement à l’action; convoqué à Berchtesgaden le 12 février 1938, le chancelier est contraint de faire libérer les nazis autrichiens emprisonnés et de nommer ministres deux pro-nazis: à l’Intérieur, l’avocat Seyss-Inquart et, à la Guerre, Glaise Horstenau; le système économique de l’Autriche était intégré à celui de l’Allemagne. Schuschnigg n’a le choix qu’entre cette solution et l’entrée immédiate des troupes allemandes sur son territoire. Comprenant d’emblée la vanité de cet accord, il tente de réagir en annonçant le 9 mars un plébiscite et en se rapprochant des sociaux-démocrates. Le 11 mars, Hitler menace et exige l’annulation du plébiscite et la démission de Schuschnigg. Ayant vainement fait appel à l’aide des Anglais et des Français, celui-ci se retire, cédant la place à Seyss-Inquart. Le 12 mars 1938, l’armée allemande occupe Vienne et toute l’Autriche, réalisant l’Anschluss. Schuschnigg est gardé à vue à son domicile. Le 10 avril, un plébiscite organisé sous le contrôle des nazis ratifie cet Anschluss avec 99,75 p. 100 de oui. Incarcéré par la Gestapo, soumis à des traitements indignes, il est plus tard transféré dans le camp de concentration de Sachsenhausen, puis dans celui de Dachau. En 1942, sa femme, la comtesse Czernin, est autorisée à partager sa captivité avec l’enfant qu’ils ont eu en 1941. Dans les derniers jours de la guerre, Himmler ordonne son exécution, mais il est sauvé par l’arrivée des troupes américaines. Émigré aux États-Unis en 1948, il devient professeur à l’université de Saint Louis et publie ses Mémoires sous le titre Requiem .
Encyclopédie Universelle. 2012.